Doglands
Auteur : Tim
Willocks
Editions Syros
Prix : 16,90e
Résumé :
Ses muscles se lancèrent dans un
double galop. Ses coussinets martelaient la roche. Son sang de lévrier lui
donnait vitesse et puissance. Son sang de chien-loup, endurance et courage. Au
lieu de se sentir plus faible, il se sentait plus fort. Et alors il comprit
quelque chose d'extraordinaire. Même si le tunnel était noir comme une nuit
sans étoiles, et alors même qu'il courait à toute vitesse, il ne se heurtait pas
aux parois qui n’étaient qu’à quelques centimètres de lui. Furgul ne savait pas
pourquoi. Il ne faisait que courir. Puis un vent étrange souffla, venu du
tunnel derrière lui. Et - comme si un fantôme avait chuchoté à son âme - Furgul
entendit l'appel des Doglands.
Mon Avis :
J’avais acheté
Doglands lors du Salon du Livre Jeunesse de Montreuil en décembre dernier, mais
ne l’ai lu qu’il n’y a très peu de temps. A la fin de ma lecture, je me suis
dit que je n’aurais pas dû attendre si longtemps, car si un livre m’a marqué
récemment, c’est bien lui ! Néanmoins, j’ai mis quelques temps à trouver
les mots à mettre sur mon ressenti.
Le point le
plus surprenant du roman est – à mon avis – également son plus grand point
fort. Et ce point, c’est Furgul. Ce héros atypique et surprenant, un héros qui
a du chien, sans mauvais jeu de mot (ou peut-être un peu). Le roman commence dès
la naissance de Furgul et de ses trois sœurs, tous trois bâtards croisés
lévriers et chien loup. C’est ce croisement, cette richesse génétique qui va
être une source de danger pour les jeunes chiots, dans un monde où la vie des
lévriers ne tiens qu’à un fil ténu entre les mains des hommes.
Cette relation
de l’homme à l’animal, du maître au compagnon, de l’oppresseur au sauvage qui
est exploré. Les rôles sont ici inversés, un narrateur externe nous introduit à
tous les sentiments de Furgul, un chien, à sa vision du monde humain dont sa
connaissance est limitée au lieu de sa naissance : la fosse de Delbone.
Effroyable élevage de lévriers purs race voués à la course. Sa connaissance des
humains est dès lors aussi limitée à Delbone, un homme cruel et violent. Et sa
vision des hommes, sa compréhension est dès lors différente de ce que l’on
trouve ailleurs. En effet, l'homme ne communique pas ici : « Il gémit
! Il s'excuse! Il s'énerve ! ». Du moins, c’est ainsi que le ressent
Furgul. Mais par la suite, tout le long de ce roman initiatique, où le chiot
grandit, se cherche, découvre la vie, le monde et goute à la liberté, il va
affronter de nombreuses épreuves tout en rencontrant divers personnages, chiens
comme hommes, bons comme mauvais.
Il se présente
à lui des choix: s’enfuir comme le lui dit sa mère, vivre comme un animal de
compagnie auprès des humains, courir les sentiers à la recherche des Doglands,
fouler les traces de son père. L’écriture de l’auteur est aussi touchante qu’addictive
et les actions, bien menées s’enchaînent poussant le lecteur toujours plus en
avant dans l’aventure de Furgul.
A la fois
sauvage et poétique, ce livre prônant les valeurs de la liberté pose également
de justes questions quant au bien-être de nos compagnons. C’est un roman cruel
parfois, où l’horreur des Hommes m’a effrayé, onirique à la recherche des Doglands, mais aussi terriblement touchant,
lorsque les liens se forment, ou qu’une humaine semble pouvoir racheter les
fautes de ses congénères. Un message universel à mettre entre toutes les mains
à partir d’une douzaine d’années.
**
11/35 livres lus
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