Chronique #49 : Le Dernier Hiver

Le Dernier Hiver

Auteur : Jean-Marc Marcastel

Edition : Black Moon (Hachette Jeunesse)

Prix : 16e

Résumé :

 Un ciel de sang. De la neige à perte de vue. Et une forêt de pins. Des pins qui dévorent tout.

Demain, l'Hiver engloutira le monde.

Johan refuse de s'incliner devant le sort. Par amour, il décide de retrouver celle qui aime.

Par amour, son frère, Théo, va lui ouvrir la voie. Par amour, ses amis laissent tout derrière eux pour l'accompagner.

Pour cela, ils devront pénétrer jusqu'au coeur des ténèbres... Au coeur de leurs propres ténèbres.

Mon avis :

Le roman commence à Aurillac, dans le Cantal, ce que j’ai apprécié car c’est une région que je connais bien pour y aller à chaque vacance ou presque. C’est d’ailleurs là-bas que j’ai acheté ce roman qui me tentait depuis longtemps. Le libraire me la de plus conseillé ce qui m’a vraiment fait craquer. Je suis on ne plus plus heureuse de l'avoir fait : ce roman est un coup de coeur !

La première chose qui m’a frappé dans le Dernier hiver, qui m’a touché, c’est l’écriture. L’auteur réussit à retranscrire les émotions, l’horreur aussi, parfois, avec tant de poésie, que malgré le fait que ce soit dur pour les personnages, je n’ai pu m’empêcher de trouver ça beau. L’écriture est donc très plaisante, prenante et fluide. On se laisse emporter par les mots, les phrases au fil des aventures des héros.

Les personnages m’ont aussi beaucoup touché. Chacun porte son fardeau, son histoire, son passé. Les liens entre eux sont formidables : tous se lancent dans ce voyage insensé par amour. Johan, parce qu’il tient à retrouver Fannie, celle qu’il aime et qui est loin, plus loin que la Malsève. Fannie, Théo et Kalhid, eux aussi, par qu’ensemble ils sont plus forts.

J’ai trouvé originale, mais tout à fait triste, la façon qu’à Johan de se couper de la réalité, de ses sentiments, en devenant Corbeau, son alter ego insensible. Le courage de Fannie, cette façon qu’elle a de tout donné, m’a beaucoup touché mais je n’ai pas accroché plus que ça avec le personnage malgré tout. Kalhid, par contre m’a beaucoup plu. Son « Mon grand-père y faisait des babouches, et mon grand-père y disait toujours … » m’a fait rire, sa façon d’être, de parler, de vivre malgré les obstacles est remarquable. Lui qui a tout quitté pour suivre Johan. Quitté Aurillac, sa famille et surtout sa belle Sarah sans même la certitude de les revoir. Dans l’ambiance pesante, sa présente « légère » fait du bien et redonne le sourire. Mais mon personnage préféré reste Théo. Le chevalier, preux et droit, celui qui ne ment jamais. Jusqu’au bout, il porte son fardeau seul, il garde sa douleur pour lui, tout en soutenant les autres…

L’univers dans lequel vivent les héros est dévasté. Bienvenue en 2035, -30° à Aurillac. Les jours et les nuits que nous connaissons ont laissé place au Crépuscule et au froid. Nos villes et nos campagnes ont été remplacées par des pins. Une forêt gigantesque et dangereuse. La Malsève et ses pins vampires. L’auteur nous plonge donc dès le début dans cette atmosphère sombre, angoissante. Durant le voyage, la tension monte, et les embûches tombent, montrant aux héros la noirceur de ce nouveau monde et son horreur. Mais l’auteur nous montre aussi l’Humanité. Ainsi réduite, oppressée dans ce monde, on voit que les Hommes sont capables du meilleur comme du pire. C’est ce qui rend ces héros si fort, si impressionnants. C’est que, envers et contre tout (et tous), ils s’aiment et s’aident. Malgré l’horreur, la douleur et le danger.

Jean-Luc Marcastel signe un roman fort, prenant. C’est une leçon de vie, à travers les aventures de jeunes gens formidables et attachants, dans un univers dévasté, nouveau et dur. Son écriture poétique qui tranche avec ce monde ne fait qu’en renforcer l’horreur. Il nous confronte à une vision de l’homme parfois dérangeante, quand on voit les réactions de ceux que rencontrent nos héros. Mais il y a un message, quelque chose de plus fort que ça, plus fort que l’hiver et que la Malsève. L’amour. C’est un coup de cœur pour moi, vraiment. Ce roman m’a touché, et m’a marqué. Malgré sa dureté, et une ambiance sombre et déprimante, je ne peux que le conseiller !