Je vous en avait parlé ici : un cinquième tome de la série Quatre filles et un jean d'Ann Bashares va bientôt paraître. Il y a quelques jours, Gallimard Jeunesse a même publié un extrait en avant première...
Le voici :
«Lena, qui s'enorgueillissait pourtant d'être très cérébrale, avait parfois la capacité d'abstraction d'un lézard. Ce n'est qu'en voyant Bridget et Carmen, courant vers elle cheveux au vent à travers le terminal de l'aéroport JFK de New York, qu'elle réalisa à quel point elles lui avaient manqué.
Bridget l'atteignit la première et lui sauta au cou sans même ralentir. Lena se laissa emporter par son élan. Carmen arriva quelques secondes plus tard, trottinant sur ses sandales à semelles compensées. Elle lui serra le bras au point de lui laisser une marque. Elle lui cria si fort dans
les tympans qu'elle en eut les oreilles qui sifflaient. Elle lui marcha sur les pieds avec un tel entrain que Lena en eut les larmes aux yeux et se mit à rire. C'était tellement bon d'avoir
mal comme ça !
Bee tenta de les soulever toutes les deux en même temps. Lena retrouva les sensations familières : l'odeur mentholée de son shampooing, la douceur de sa joue contre la sienne, le gel capillaire au pamplemousse de Carmen, son rouge à lèvres poisseux. Les parfums, les couleurs, tout lui paraissait plus vif chez ses amies que chez les autres. Elle leur était reconnaissante de ne pas avoir trop changé.
Ces dernières années, à chacune de leurs rencontres, sa joie était toujours teintée d'angoisse à l'idée qu'elles ne soient plus les mêmes. Elle ignorait d'où pourrait surgir le changement : un sourcil hautain, l'oubli d'un de leurs rituels, des pattes-d'oie au coin de l'oeil, le moindre petit détail risquait d'éloigner l'une d'elles des autres, de remettre en question leur relation ou leur passé.
Bee était particulièrement accommodante sur ce point. C'était un musée de Bee sur pattes. Son T-shirt mauve délavé collectionnait les accrocs et les reprises depuis la troisième. Ses cheveux blonds étaient toujours aussi longs et fous, avec quelques nattes maigrichonnes ici et là, en mémoire de sa phase « tresses africaines » de CM2. Elle traînait sur le marbre poli de l'aéroport les mêmes tongs en cuir hors d'âge qu'elles avaient achetées ensemble en se baladant sur un
marché l'été après la fac. Et Lena lui pardonnait de lui avoir volé sans vergogne ses vieilles chaussettes bleues tombantes lors de leur dernier voyage en Grèce.
Quant à Carmen, elle avait déjà un peu changé depuis la dernière fois qu'elles s'étaient vues, il y avait à peine deux mois : ses mèches étaient légèrement plus claires, son jean légèrement plus serré, ses sourcils légèrement plus fins. Mais elle avait toujours été comme ça, alors... Ses multiples essais de coiffure et de maquillage ne changeaient pas son expression enthousiaste. Carmen était toujours en perpétuel changement. Le contraire aurait été inquiétant.
Tibby viendrait les chercher à l'aéroport de Fira.
– Elle m'a envoyé un texto en arrivant là-bas hier. Elle a
ouvert la maison, les informa Lena, tout excitée, même si elles avaient probablement reçu le même message.»
***
L'attente jusqu'au 7 juin va être trèèèèès longue, je le sens !
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